Contexte. Des preuves croissantes montrent que le bupropion, un inhibiteur de la recapture de la noradrénaline et de la dopamine, est l’un des agents d’augmentation les plus largement choisis et les plus efficaces pour les patients dépressifs ayant une réponse insuffisante ou partielle aux inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Dans cette étude, nous avons évalué l’efficacité et la tolérance de l’augmentation du bupropion chez les non-répondants à la monothérapie par l’escitalopram afin de mieux comprendre les étapes pratiques pour améliorer la dépression résistante au traitement.
Méthodes. L’échantillon de l’étude était composé de 135 patients ambulatoires souffrant de trouble dépressif majeur (âge moyen 31,1 ± 11,6 ans, 66,1% de femmes) traités par escitalopram 10-20 mg/jour pendant 12 semaines selon un plan naturaliste ouvert. Après 12 semaines, les non-répondants à l’escitalopram en monothérapie ont pris une combinaison de 20 mg d’escitalopram et de 150-300 mg de bupropion (Wellbutrin SR) pendant 6 semaines supplémentaires. La sévérité clinique et la réponse au traitement ont été évaluées toutes les deux semaines à l’aide de l’échelle d’évaluation de la dépression de Montgomery-Asberg, de l’échelle de dépression de Hamilton et de l’échelle d’impression globale clinique. Les patients ont également été invités à évaluer les symptômes dépressifs et les éventuels effets secondaires à l’aide d’échelles d’auto-évaluation.
Résultats. A la fin de la semaine 12 du traitement par escitalopram, 82 patients (60,7%) ont été définis comme répondeurs et 79 d’entre eux (58,5%) ont atteint la rémission. Quarante-quatre patients (32,6 %) ont présenté une réponse insuffisante ou partielle au traitement et 9 patients (6,7 %) ont interrompu le traitement par escitalopram en raison d’un manque d’efficacité ou d’effets indésirables. Les non-répondants à la monothérapie par l’escitalopram présentaient une prévalence significativement plus élevée de dépression de type mélancolique que les répondants (86,4 % contre 63,4 %, respectivement, p = 0,007) et avaient subi plus d’effets indésirables, notamment de la faiblesse et de la fatigue, pendant cette étape de l’essai. Parmi les non-répondants à l’escitalopram, 41 patients avaient reçu une augmentation de bupropion. A la fin de la période d’augmentation, 25 (61,0%) patients ont été définis comme répondeurs et 22 d’entre eux (53,7%) ont obtenu une rémission, tandis que 13 patients (31,7%) ont montré une réponse insuffisante ou partielle au traitement combiné et 3 patients (7,3%) ont abandonné cet essai en raison d’effets indésirables ou d’un manque d’efficacité.
Conclusions. En accord avec les études précédentes, nous avons constaté que l’augmentation du bupropion est généralement bien tolérée et peut faciliter avec succès la réponse au traitement chez une majorité de non-répondants à la monothérapie avec des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Nous avons constaté que les caractéristiques mélancoliques de la dépression étaient associées à une réponse insuffisante ou partielle à l’escitalopram. Nos résultats apportent un soutien supplémentaire à l’avantage du bupropion dans le traitement de la dépression mélancolique.