James Baldwin from Life Magazine.
James Baldwin, Bayard Rustin, et (à la droite de Rustin) A. Philip Randolph lors des marches de Selma à Montgomery organisées du 24 au 26 mars 1965. Utilisé avec la permission de © Stephen Somerstein.
James Baldwin (2 août 1924 – 1er décembre 1987) était un romancier, essayiste, dramaturge, poète et critique social. Né à Harlem, Baldwin était un « témoin de la vérité » sur le racisme et l’homophobie à travers ses romans, pièces de théâtre, essais et poèmes, notamment Go Tell It on the Mountain (1953), Notes of a Native Son (1955), Giovanni’s Room (1956), Nobody Knows My Name (1961), Another Country (1962), The Fire Next Time (1963), If Beale Street Could Talk (1974) et The Evidence of Things Not Seen (1985).
Nous partageons ici deux des essais de Baldwin qui permettent de riches discussions sur l’éducation K-12 aujourd’hui.
Un discours aux enseignants
« Puisque je m’adresse à des maîtres d’école et que je ne suis pas moi-même un enseignant, et que, d’une certaine manière, je suis assez facilement intimidé, je vous prie de me laisser quitter cela et de revenir à ce que je pense être le but entier de l’éducation en premier lieu. Il me semble que lorsqu’un enfant naît, si je suis son parent, j’ai l’obligation et le grand devoir de le civiliser. L’homme est un animal social. Il ne peut exister sans une société. Une société, à son tour, dépend de certaines choses que chacun dans cette société considère comme allant de soi. Or, le paradoxe crucial auquel nous sommes confrontés ici est que l’ensemble du processus d’éducation se déroule dans un cadre social et est conçu pour perpétuer les objectifs de la société. Ainsi, par exemple, les garçons et les filles qui sont nés à l’époque du Troisième Reich, lorsqu’ils ont été éduqués aux fins du Troisième Reich, sont devenus des barbares.
« Le paradoxe de l’éducation est précisément celui-ci : lorsqu’on commence à devenir conscient, on commence à examiner la société dans laquelle on est éduqué. Le but de l’éducation, finalement, est de créer chez une personne la capacité de regarder le monde par elle-même, de prendre ses propres décisions, de se dire ceci est noir ou ceci est blanc, de décider par elle-même s’il y a un Dieu au ciel ou non. C’est en posant des questions à l’univers, puis en apprenant à vivre avec ces questions, qu’il acquiert sa propre identité. Mais aucune société n’a vraiment envie d’avoir ce genre de personne autour d’elle. Ce que les sociétés veulent vraiment, idéalement, c’est une population qui obéit simplement aux règles de la société. Si une société réussit à le faire, elle est sur le point de périr. L’obligation de toute personne qui se considère comme responsable est d’examiner la société et d’essayer de la changer et de la combattre, quel que soit le risque. C’est le seul espoir de la société. C’est la seule façon dont les sociétés changent. » Poursuivre la lecture.
(Prononcé le 16 octobre 1963, sous le titre « The Negro Child – His Self-Image » ; publié dans The Saturday Review, 21 décembre 1963, réimprimé dans The Price of the Ticket, Collected Non-Fiction 1948-1985, Saint Martins 1985.)
Une lettre à mon neveu
« …. Je sais ce que le monde a fait à mon frère et de combien de justesse il y a survécu et je sais, ce qui est bien pire, et c’est le crime dont j’accuse mon pays et mes compatriotes et pour lequel ni moi ni le temps ni l’histoire ne leur pardonneront jamais, qu’ils ont détruit et détruisent des centaines de milliers de vies et ne le savent pas et ne veulent pas le savoir. On peut être – et même on doit s’efforcer de devenir – dur et philosophe face à la destruction et à la mort, car c’est ce que la majorité de l’humanité a fait de mieux depuis que nous avons entendu parler de la guerre ; rappelez-vous, j’ai dit la majorité de l’humanité, mais il n’est pas admissible que les auteurs de la dévastation soient aussi innocents. C’est l’innocence qui constitue le crime ». Continuer la lecture dans The Progressive, décembre 1962.