Les jours de la Terre sont comptés

Reto. Stöckli/Robert Simmon/MODIS/USGS/DMSP/NASA

Une méthode permettant de calculer la « durée de vie habitable » de la Terre pourrait également permettre d’identifier d’autres planètes capables d’accueillir la vie.

La Terre ne pourra accueillir la vie que pendant encore 1,75 milliard d’années environ, selon une étude publiée le 18 septembre dans Astrobiology1. La méthode utilisée pour effectuer ce calcul permet également d’identifier les planètes situées en dehors du système solaire et présentant de longues « périodes d’habitabilité », qui pourraient être les meilleurs endroits pour rechercher la vie.

La zone d’habitabilité autour d’une étoile est la zone dans laquelle une planète en orbite peut accueillir de l’eau liquide, le solvant parfait pour les réactions chimiques au cœur de la vie. Trop loin d’une étoile, l’eau d’une planète se transforme en glace permanente et son dioxyde de carbone se condense ; trop près, et la chaleur transforme l’eau en vapeur qui s’échappe dans l’espace.

Les zones habitables ne sont pas statiques. La luminosité d’une étoile typique augmente à mesure que sa composition et ses réactions chimiques évoluent pendant des milliards d’années, repoussant la zone habitable vers l’extérieur. Des chercheurs ont signalé en mars que la Terre est plus proche du bord intérieur de la zone habitable du Soleil que ce que l’on pensait auparavant2.

Le bord intérieur de la zone habitable du Soleil se déplace vers l’extérieur à un rythme d’environ 1 mètre par an. Le dernier modèle prévoit une durée de vie totale de la zone habitable pour la Terre de 6,3 milliards à 7,8 milliards d’années, ce qui suggère que la vie sur la planète a déjà parcouru environ 70 % de sa course. D’autres planètes – en particulier celles qui se forment près de la limite extérieure de la zone habitable d’une étoile ou qui orbitent autour d’étoiles de faible masse à longue durée de vie – peuvent avoir une durée de vie en zone habitable de 42 milliards d’années ou plus.

Les auteurs suggèrent que les scientifiques qui recherchent la vie sur d’autres planètes devraient se concentrer sur celles qui occupent leur zone habitable depuis au moins aussi longtemps que la Terre – comme HD40307g, qui se trouve à 12.9 parsecs (42 années-lumière) de la Terre.

La vie est compliquée

Mais il est possible que la Terre ait pris un temps atypiquement long pour développer une vie avancée, déclare Caleb Scharf, astrobiologiste à l’Université Columbia de New York. « C’est le sempiternel problème de la surinterprétation d’un seul point de données », dit-il. Le coauteur de l’étude, Mark Claire, astronome à l’université de St Andrews, au Royaume-Uni, est d’accord, mais ajoute que s’il dirigeait une mission visant à trouver de la vie sur une planète terrestre, il dirigerait probablement ses télescopes vers des planètes qui se trouvent dans la zone habitable depuis le plus longtemps possible.

Les critiques suggèrent également que la formule utilisée par les chercheurs est trop simple. Le modèle suppose que les planètes extrasolaires ont des atmosphères, des compositions et une action des plaques tectoniques semblables à celles de la Terre. Colin Goldblatt, climatologue planétaire à l’université de Victoria au Canada, affirme que si l’on n’inclut pas la dynamique du climat, comme la composition et le volume de l’atmosphère, les résultats ne sont pas très utiles pour prédire l’habitabilité. « Si vous voulez que je construise une planète habitable là où se trouve Vénus, je peux le faire ; si vous voulez que je construise une planète morte là où se trouve la Terre, je peux le faire », déclare Goldblatt.

« Il y a beaucoup de place pour de nouvelles formulations de la zone habitable », convient Claire. Pour l’instant, les chercheurs ne savent pas grand-chose sur ces planètes extrasolaires. Mais les calculs de la zone habitable pourraient s’avérer intéressants plus près de chez nous également.

Au moment où le soleil s’éclaircit et où la Terre devient trop chaude pour la vie, Mars va entrer dans la zone habitable. « Si les humains sont encore là dans un milliard d’années, j’imagine certainement qu’ils vivront sur Mars », déclare Claire.

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