Nimrod (Français)

Nimrod (hébreu נִמְרוֹד) : héros légendaire, mentionné dans la Bible et connu des traditions juive, chrétienne et islamique.

Histoire originelle

Relief d’un esprit dompteur de lions de Khorsabad

Nimrod, fils de Kush, petit-fils de Cham et arrière-petit-fils de Noé, est mentionné à plusieurs endroits dans la Bible, plus explicitement dans la « Table des nations » de la Genèse.

Kush était le père de Nimrod, qui devint un puissant guerrier sur la terre et un puissant chasseur devant le Seigneur. C’est pourquoi il est dit : « Un puissant chasseur comme Nimrod devant le Seigneur ». Le début de son royaume était à Babylone, Uruk, Akkad, et Kalneh dans le pays de Shinar. De ce pays, il se rendit en Assyrie, construisit Ninive, Rehoboth Ir, Kalhu, et la grande ville de Resen entre Ninive et Kalhu.note

Le nom « Nimrod » pourrait être appliqué comme synonyme d’Assyrie. S’il est nécessaire d’identifier ce personnage légendaire à une figure de la civilisation mésopotamienne, il pourrait bien s’agir du dieu héroïque Ninurta, qui était un guerrier, un chasseur et un fondateur de la civilisation humaine. Cependant, le type de grand héros est assez commun et il peut y avoir de nombreux modèles, même des rois historiques comme le Sumérien Lugal-Banda, les Akkadiens Sargon d’Akkad et Naram-Sin, et l’Assyrien Tukulti-Ninurta I. La sculpture assyrienne comme les reliefs des esprits à Khorsabad (photo) peut avoir été le fond de la figure de Nimrod aussi.

Il peut aussi avoir été un symbole de la civilisation mésopotamienne en général : la liste des villes mentionnées ci-dessus peut presque être lue comme un résumé de l’histoire mésopotamienne, en particulier de la propagation du culte de Ninurta. Il est peut-être significatif que le prophète juif Michée utilise « Nimrod » pour signifier « Mésopotamie ».Note Bien sûr, ces théories ne s’excluent pas mutuellement.

Légende

Parce que Nimrod était un personnage plutôt vague sans histoire claire, il pouvait facilement être utilisé dans les contes populaires (cf. Kreon dans les tragédies grecques). Vers l’an 40 de notre ère, Philon d’Alexandrie l’identifie comme le constructeur de la tour de Babel (les Etemenanki).Note Un demi-siècle plus tard, Flavius Josèphe décrit « Nébrod » comme un tyran.Note

À peu près à la même époque, un auteur connu sous le nom de Pseudo-Philo décrit un conflit entre Nimrod et Abraham.Note Alors que Nimrod construisait la tour de Babel, certaines personnes pieuses refusèrent d’y prendre part, dont Abraham. Le roi voulut jeter le rebelle dans une fournaise ardente mais Abraham fut miraculeusement sauvé.

Le bassin à poissons d’Edessa

Il existait également une tradition positive à propos de Nimrod, que l’on trouve dans un Targum (traduction araméenne de la Bible) attribué à Jonathan, basé sur les mots « un puissant chasseur comme Nimrod devant le Seigneur », qui ont été lus comme « un puissant guerrier pour le Seigneur ». Dans cette tradition, Nimrod était présenté comme quittant Babylone, parce qu’il avait refusé de participer à la construction de la tour de Babel.Note Cette interprétation positive n’a pas empêché l’auteur du Targum de présenter également la légende négative, et de décrire comment le frère d’Abraham, Harran, est mort dans la fournaise ardente.Note

Le nom du frère Harran a amené la tradition dans la ville d’Harran ou, pour être plus précis, dans la ville voisine d’Édesse. (Cette ville était également appelée Urhai, qui ressemblait à Ur, la ville natale d’Abraham). C’est là que la légende juive est entrée dans la tradition chrétienne et islamique, mêlée à un culte païen plus ancien du poisson sacré. Dans cette histoire, Nimrod voulait jeter Abraham dans la fournaise mais le feu s’est changé en eau et les morceaux de bois en poissons.

Il doit s’agir d’une version adaptée d’un ancien culte syrien, comme celui mentionné par Xénophon.note Quoi qu’il en soit, le bassin existait déjà au IVe siècle, comme le mentionne le pèlerin chrétien Égérie, qui s’y réfère dans son carnet de voyage.note

Ruines

De nombreuses ruines du Moyen-Orient ont été baptisées du nom de Nemrod : par ex, la ville de Borsippa, la capitale assyrienne Kalhu, la citadelle d’Édesse, un château sur le plateau du Golan près de Panias, et bien sûr les monuments funéraires d’Antiochus Ier Théos de Commagène sur le mont Nimrod.

Borsippa, Ziggourat

Nimrud, ziggourat (démolie par les terroristes en 2016)

Edessa, Citadelle

Panias, château croisé Nimrod

Littérature

  • Van der Toorn, K. & Van der Horst, P. W., « Nimrod avant et après la Bible » in : Harvard Theological Review 83/1 (1990) 1-29.

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