Prise en charge des exacerbations aiguës de l’asthme

Prise en charge

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Traitement à domicile

Un traitement précoce est la stratégie la plus efficace pour gérer les exacerbations de l’asthme. Il est essentiel d’apprendre aux patients à surveiller les signes et les symptômes, et à prendre les mesures appropriées. Les patients qui disposent d’un plan d’action contre l’asthme écrit et de médicaments appropriés peuvent souvent gérer les exacerbations légères à domicile (figure 16). Les principaux éléments d’un plan d’action contre l’asthme qui ont permis de réduire le nombre de visites aux urgences et d’hospitalisations comprennent des instructions écrites standard, des critères basés sur les symptômes ou le DEP (comparé à son meilleur score personnel) pour déclencher une action, deux ou trois points d’action et des instructions écrites individualisées sur l’utilisation de corticostéroïdes inhalés ou oraux.10 Les patients à risque de décès lié à l’asthme peuvent avoir besoin d’un traitement plus intensif dans un environnement surveillé dès les premiers signes d’une exacerbation (tableau 26). Ces patients doivent avoir un plan d’action contre l’asthme qui met l’accent sur une communication précoce avec leur médecin.

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Prise en charge des exacerbations de l’asthme : Traitement à domicile

Figure 1.

Algorithme de prise en charge à domicile des exacerbations aiguës de l’asthme. (PEF = débit expiratoire de pointe.)

Adapté du National Heart Lung and Blood Institute. Programme national d’éducation et de prévention de l’asthme. Rapport du groupe d’experts 3 : Lignes directrices pour le diagnostic et la prise en charge de l’asthme ; 2007:382. http://www.nhlbi.nih.gov/guidelines/asthma/asthgdln.htm.

Gestion des exacerbations de l’asthme : Traitement à domicile

Figure 1.

Algorithme de gestion à domicile des exacerbations aiguës de l’asthme. (PEF = débit expiratoire de pointe.)

Adapté du National Heart Lung and Blood Institute. Programme national d’éducation et de prévention de l’asthme. Rapport du groupe d’experts 3 : Lignes directrices pour le diagnostic et la prise en charge de l’asthme ; 2007:382. http://www.nhlbi.nih.gov/guidelines/asthma/asthgdln.htm.

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Tableau 2.

Facteurs de risque de décès liés à l’asthme

Comorbidités (c’est-à-dire, maladie cardiovasculaire ou autre maladie pulmonaire chronique)

Difficulté à percevoir l’obstruction des voies respiratoires ou la gravité de l’exacerbation

Consommation de drogues illicites

Statut socio-économique faible ou résidence en centre-ville

Problèmes psychosociaux majeurs ou troubles psychiatriques

Ancienne exacerbation grave (par ex, intubation ou admission en unité de soins intensifs pour asthme)

Deux hospitalisations ou plus ou trois visites ou plus aux urgences au cours de l’année écoulée

Deux renouvellements ou plus de bêta2 agonistes à courte durée d’action par mois

Adapté du National Heart Lung and Blood Institute. Programme national d’éducation et de prévention de l’asthme. Rapport du groupe d’experts 3 : Lignes directrices pour le diagnostic et la prise en charge de l’asthme ; 2007:377. http://www.nhlbi.nih.gov/guidelines/asthma/asthgdln.htm.

Tableau 2.

Facteurs de risque de décès liés à l’asthme

Comorbidités (c’est-à-dire, maladie cardiovasculaire ou autre maladie pulmonaire chronique)

Difficulté à percevoir l’obstruction des voies respiratoires ou la gravité de l’exacerbation

Consommation de drogues illicites

Statut socio-économique faible ou résidence en centre-ville

Problèmes psychosociaux majeurs ou troubles psychiatriques

Exacerbation antérieure grave (ex, intubation ou admission en unité de soins intensifs pour asthme)

Deux hospitalisations ou plus ou trois visites ou plus aux urgences au cours de l’année écoulée

Deux renouvellements ou plus de bêta2 agonistes à courte durée d’action par mois

Adapté du National Heart Lung and Blood Institute. Programme national d’éducation et de prévention de l’asthme. Rapport du groupe d’experts 3 : Lignes directrices pour le diagnostic et la prise en charge de l’asthme ; 2007:377. http://www.nhlbi.nih.gov/guidelines/asthma/asthgdln.htm.

Chez des enfants de cinq à douze ans présentant des exacerbations aiguës fréquentes, une courte cure de prednisolone orale au début de l’aggravation des symptômes a produit un bénéfice modeste en termes de diminution des symptômes, de l’utilisation des ressources de santé et de l’absence de l’école11. Des augmentations de la dose de corticostéroïdes inhalés à l’initiative du patient ou des parents ont été proposées pour aider en cas de détérioration des symptômes de l’asthme. Les données sont insuffisantes pour faire une recommandation pour les enfants ; cependant, une méta-analyse des données de plus de 1200 adultes confirme que l’augmentation de la dose ne réduit pas le risque d’une exacerbation ultérieure de l’asthme nécessitant des corticostéroïdes oraux12.

Un essai contrôlé randomisé a examiné l’utilisation du montelukast (Singulair ; 4 mg pour les enfants de deux à cinq ans et 5 mg pour les enfants de six à 14 ans) à l’initiative des parents chez les enfants souffrant d’asthme intermittent, défini comme trois à six épisodes d’asthme nécessitant des soins aigus en hôpital ou en cabinet, avec des périodes sans symptômes ni médicaments entre les épisodes. Lorsqu’il a été administré dès l’apparition des symptômes d’asthme ou d’infection des voies respiratoires supérieures, le traitement par montélukast a entraîné une réduction des consultations de santé non programmées et du temps perdu au travail et à l’école ou pour la garde des enfants.13

Les bêta2 agonistes à courte durée d’action en inhalation sont les pierres angulaires du traitement des patients souffrant d’asthme aigu.14-16 Chez les patients dont le DEP se situe entre 50 et 79 % de leur meilleur résultat personnel, jusqu’à deux traitements de deux à six inhalations d’un bêta2 agoniste à courte durée d’action peuvent être employés en toute sécurité à domicile. Les traitements doivent être espacés de 20 minutes et suivis d’une réévaluation du DEP et des symptômes.6 Les patients qui n’atteignent pas un DEP d’au moins 80 % de leur meilleur score personnel après deux traitements doivent contacter leur médecin pour obtenir des instructions supplémentaires. Les patients dont le DEP diminue après le traitement doivent contacter leur médecin et demander des soins urgents.

De multiples études ont montré que l’administration à l’aide d’un aérosol-doseur manuel avec un dispositif d’espacement est au moins équivalente au traitement par bêta2 agonistes à courte durée d’action nébulisés chez les enfants de plus d’un an (quatre bouffées par dose) et les adultes (six bouffées par dose).17 Les spacers faits maison, comme les bouteilles en plastique, les gobelets en mousse ou en papier, les tubes en carton et les spacers en papier, peuvent être aussi efficaces que les spacers commerciaux pour le traitement des exacerbations aiguës de l’asthme.18 Il n’y a pas de différence démontrable en termes de sécurité ou d’efficacité entre le lévalbutérol (Xopenex) et l’albutérol19.

TRAITEMENT DANS LES SERVICES D’URGENCE

Dans les services ambulatoires et les services d’urgence, les objectifs du traitement sont la correction de l’hypoxémie sévère, l’inversion rapide de l’obstruction du flux d’air et la réduction du risque de rechute en intensifiant le traitement et en surveillant attentivement la réponse (figure 2).6 La correction de l’hypoxémie et l’inversion rapide de l’obstruction du flux d’air sont mieux réalisées par l’administration d’oxygène et le traitement répétitif avec des bêta2 agonistes à courte durée d’action. L’utilisation précoce de corticostéroïdes systémiques peut réduire le risque de rechute.

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Gestion des exacerbations de l’asthme : Service des urgences et traitement en milieu hospitalier

Figure 2.

Algorithme de prise en charge aux urgences et en milieu hospitalier des exacerbations aiguës de l’asthme. (VEMS = volume expiratoire forcé en une seconde ; DEP = débit expiratoire de pointe.)

Adapté du National Heart Lung and Blood Institute. Programme national d’éducation et de prévention de l’asthme. Rapport du groupe d’experts 3 : Lignes directrices pour le diagnostic et la prise en charge de l’asthme ; 2007:388. http://www.nhlbi.nih.gov/guidelines/asthma/asthgdln.htm.

Gestion des exacerbations de l’asthme : Service des urgences et traitement en milieu hospitalier

Figure 2.

Algorithme de prise en charge aux urgences et en milieu hospitalier des exacerbations aiguës de l’asthme. (VEMS = volume expiratoire forcé en une seconde ; DEP = débit expiratoire de pointe.)

Adapté du National Heart Lung and Blood Institute. Programme national d’éducation et de prévention de l’asthme. Rapport du groupe d’experts 3 : Lignes directrices pour le diagnostic et la prise en charge de l’asthme ; 2007:388. http://www.nhlbi.nih.gov/guidelines/asthma/asthgdln.htm.

L’administration d’oxygène pour maintenir une saturation d’au moins 94 % est recommandée chez tous les patients présentant une exacerbation modérée à sévère de l’asthme. L’oxygène doit être administré dès que possible, de préférence dans la phase préhospitalière en cabinet ou lors du transport par les services médicaux d’urgence.8 Il a été proposé que le mélange d’hélium et d’oxygène (héliox), qui a une densité inférieure à celle de l’oxygène, circule plus facilement dans les voies respiratoires rétrécies et, par conséquent, améliore les résultats dans les exacerbations de l’asthme. Cependant, les données sont insuffisantes pour soutenir l’utilisation de l’héliox dans le traitement des exacerbations aiguës de l’asthme.20

Le traitement par bêta2 agonistes à courte durée d’action en inhalation est le pilier du traitement en cabinet ou aux urgences des exacerbations modérées à sévères de l’asthme. Si le patient peut tolérer une mesure du DEP ou du volume expiratoire forcé en une seconde (VEMS), une valeur initiale doit être obtenue et répétée pour surveiller la réponse au traitement. Chez les patients souffrant d’exacerbations sévères, il a été démontré que l’administration continue de bêta2 agonistes améliorait les mesures de la fonction pulmonaire et réduisait l’admission à l’hôpital, sans différence notable au niveau du pouls, de la pression artérielle ou des tremblements.21 L’utilisation d’albutérol à forte dose (7,5 mg par nébuliseur toutes les 20 minutes pour trois doses)22 et de bêta2 agonistes par voie intraveineuse ne semble pas être bénéfique et n’est pas recommandée23.

Une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés a comparé l’association d’anticholinergiques inhalés et de bêta2 agonistes aux bêta2 agonistes seuls chez des enfants âgés de un à 18 ans présentant des exacerbations légères, modérées ou sévères de l’asthme. Les résultats ont montré que l’ajout de doses multiples d’anticholinergiques en inhalation améliore la fonction pulmonaire et diminue les hospitalisations chez les enfants d’âge scolaire souffrant d’exacerbations sévères de l’asthme.24,25 L’utilité de l’ipratropium en inhalation pour le traitement des exacerbations de l’asthme chez les adultes est moins claire, mais il semble qu’il soit bénéfique pour ceux qui ont une exacerbation sévère.26,27

L’ajout de sulfate de magnésium intraveineux au traitement standard a été étudié chez les adultes et les enfants avec des résultats divergents. Chez les adultes souffrant d’exacerbations sévères de l’asthme (DEP de 25 à 30 % ou moins de la fonction prédite), le traitement par sulfate de magnésium intraveineux a entraîné une légère amélioration de la fonction pulmonaire, mais aucun changement dans les taux d’hospitalisation.28 Chez les enfants âgés de 1 à 18 ans, il a été démontré que le sulfate de magnésium intraveineux (25 à 100 mg par kg) augmentait significativement la fonction pulmonaire et diminuait les hospitalisations. Le sulfate de magnésium nébulisé a un faible effet sur la fonction respiratoire et les taux d’admission à l’hôpital chez les adultes, et aucun effet sur ces deux résultats chez les enfants.29

L’administration de corticostéroïdes systémiques (500 mg de succinate sodique d’hydrocortisone en injection ou 125 mg de succinate sodique de méthylprednisolone en injection chez les adultes, ou 1 à 2 mg par kg de prednisone ou de prednisolone chez les enfants âgés de un à 18 ans) dans l’heure qui suit la présentation aux urgences diminue le besoin d’hospitalisation. Dans une revue Cochrane, l’effet le plus prononcé s’est produit chez les patients souffrant d’exacerbations sévères.30 Les corticostéroïdes oraux et parentéraux sont tout aussi efficaces pour prévenir l’hospitalisation chez les enfants, mais seuls les corticostéroïdes parentéraux ont été étudiés chez les adultes.31 Les preuves sont insuffisantes pour recommander l’utilisation de corticostéroïdes inhalés à la place ou en conjonction avec des corticostéroïdes systémiques au moment de la sortie de l’urgence. Les corticostéroïdes en inhalation ne préviennent pas la rechute des symptômes nécessitant une admission et n’améliorent pas la qualité de vie ou les scores des symptômes.32

Chez les adultes et chez les enfants hospitalisés âgés de un à 16 ans, l’utilisation de corticostéroïdes a permis une sortie plus précoce et moins de rechutes symptomatiques.33-On ne connaît pas la posologie optimale chez l’enfant,34 mais chez l’adulte, les doses plus faibles (80 mg ou moins par jour de méthylprednisolone ou 400 mg ou moins par jour d’hydrocortisone) sont égales aux doses plus élevées en ce qui concerne l’amélioration de la fonction pulmonaire, les effets indésirables et les taux d’insuffisance respiratoire.35

L’ajout d’aminophylline par voie intraveineuse au traitement conventionnel chez l’enfant et l’adulte ne présente aucun avantage supplémentaire en termes de réduction des admissions à l’hôpital. Elle augmente de manière significative le risque d’effets indésirables, notamment les vomissements, les palpitations et les arythmies.36,37 Les données sont insuffisantes pour recommander ou non l’utilisation d’antibiotiques dans le traitement des exacerbations aiguës.38 Dans une revue Cochrane, un essai contrôlé randomisé portant sur 30 adultes a examiné l’utilisation de la ventilation à pression positive non invasive dans le traitement des exacerbations aiguës sévères de l’asthme, en complément des soins habituels. L’intervention a montré des résultats prometteurs en matière de mesure objective de la fonction pulmonaire et de réduction des taux d’hospitalisation, mais les données sont insuffisantes pour formuler des recommandations générales sur l’utilisation de la ventilation à pression positive non invasive.39 Boire de grandes quantités d’eau, les mucolytiques à forte dose, les antihistaminiques, la physiothérapie thoracique et la sédation sont tous des traitements non éprouvés6.

SURVEILLANCE DES DEPISTAGES

Les patients renvoyés chez eux par le service des urgences avec des corticostéroïdes systémiques (un traitement de cinq à dix jours non fractionné de 50 à 100 mg de prednisone par jour chez les adultes) présentent une diminution des rechutes des symptômes de l’asthme, des hospitalisations futures et de l’utilisation de bêta2 agonistes à courte durée d’action40,41. Bien que la durée habituelle du traitement par corticostéroïdes oraux soit de sept à dix jours, il a été démontré que trois jours de traitement (1 mg de prednisone par kg) étaient aussi efficaces que cinq jours pour la résolution complète des symptômes en une semaine chez les enfants âgés de deux à 15 ans42. Les données sont insuffisantes pour recommander l’initiation du montelukast à la place des corticostéroïdes oraux ou l’utilisation de corticostéroïdes inhalés en association avec des corticostéroïdes oraux au moment de la sortie de l’hôpital pour prévenir une rechute des symptômes de l’asthme.43,44

L’évitement des allergènes est systématiquement recommandé après la sortie des urgences pour diminuer les nouvelles exacerbations aiguës de l’asthme. Malgré de multiples essais sur le contrôle des allergènes, il n’existe pas de données montrant que les techniques d’évitement des allergènes d’animaux domestiques ou d’acariens parviennent à réduire les allergènes à domicile à des niveaux qui améliorent les symptômes de l’asthme.45,46

Quoi que soit le traitement choisi dans le cadre des soins aigus, le traitement d’appoint doit être poursuivi pendant plusieurs jours ou semaines après la sortie de l’hôpital. Comme la gravité des exacerbations varie, une communication étroite entre les patients et les médecins est nécessaire. Les symptômes peuvent être contrôlés rapidement, mais l’inflammation des voies respiratoires peut persister pendant deux à trois semaines.47 L’administration programmée de bêta2 agonistes en inhalation doit être poursuivie jusqu’à ce que les symptômes et le DEP reviennent aux valeurs de base.

Sources de données : Le National Guidelines Clearinghouse a été consulté pour trouver des lignes directrices sur les soins de l’asthme. Le  » Rapport du groupe d’experts 3  » du National Asthma Education and Prevention Program : Guidelines for the Diagnosis and Management of Asthma » section on management of asthma exacerbations was reviewed. Une recherche sur Ovid Medline a été effectuée pour trouver de nouvelles informations liées aux principales recommandations des deux rapports. Une recherche dans PubMed a été effectuée à l’aide des termes clés asthme + aigu + exacerbation. La base de données Cochrane et Essential Evidence Plus ont été consultés pour trouver des informations relatives aux exacerbations de l’asthme. Dates de recherche : Mars 2010 et avril 2010. Des recherches sur certains sujets ont été effectuées chaque semaine en mai et juin 2010, avec une nouvelle recherche en novembre 2010.

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