Pseudo-anévrismes du cœur

Cas 1 : Un homme de 85 ans ayant des antécédents de cardiomyopathie ischémique et ayant récemment subi un pontage coronarien de réopération a été noté lors d’une échocardiographie de suivi de routine comme ayant une masse extracardiaque remplie de liquide de 25×25 mm adjacente à la paroi inféro-latérale basale du ventricule gauche (figure 1). La tomodensitométrie (TDM) cardiaque a identifié la structure comme étant un pseudo-anévrisme d’une veine saphène greffée à une branche marginale obtuse de l’artère coronaire circonflexe gauche. Comment prendre en charge ce patient ?

Figure 1.

Figure 1. Pseudo-anévrisme du greffon veineux saphène (GVS) chez un homme de 85 ans après un récent pontage coronarien de réintervention. Le pseudo-anévrisme était visible sous la forme d’une masse (flèche) dans le sillon auriculo-ventriculaire (AV) gauche sur la radiographie thoracique (A). L’échocardiographie transthoracique (B) a montré une masse vasculaire (flèche) adjacente à la paroi latérale basale. L’angiographie par tomodensitométrie cardiaque (C) a montré le pseudo-anévrisme (flèche) relié au SVG par un collet étroit avec un renforcement du contraste (gris clair) et quelques thrombus (gris foncé). Vue de quatre chambres (D) montrant le pseudo-anévrisme (flèche) dans le sillon AV gauche ; une vue agrandie (D, en médaillon) montre le pseudo-anévrisme connecté au SVG par un col étroit (flèche) avec une extravasation active du contraste (contour rouge) contenue par un thrombus (contour blanc). L’angiographie invasive montre une extravasation de contraste (E) dans le pseudo-anévrisme (flèche) et l’angiographie post-interventionnelle démontre une occlusion réussie du pseudo-anévrisme (F). LA indique l’oreillette gauche ; LV, ventricule gauche.

Cas 2 : un homme de 27 ans ayant déjà subi un remplacement de valve aortique par homogreffe a développé une endocardite récurrente (Figure 2). L’échocardiographie a révélé une collection de liquide valvulaire périaortique, ce qui laisse penser à un abcès ou à une déhiscence valvulaire. Cependant, le signal Doppler en provenance et à destination de la collection de liquide reliée à la voie de sortie du ventricule gauche a également fait craindre un pseudo-anévrisme. La tomodensitométrie cardiaque a confirmé que la structure était un pseudo-anévrisme de 37×32 mm impliquant la cuspide coronaire gauche d’une prothèse valvulaire aortique homogène à trois feuillets, juste en dessous du décollage de l’artère coronaire principale gauche implantée. Comment prendre en charge ce patient ?

Figure 2.

Figure 2. Pseudo-anévrisme valvulaire aortique (AoV) chez un homme de 27 ans ayant déjà subi un remplacement de l’AoV et une endocardite récurrente. L’échocardiogramme transoesophagien a noté une collection de liquide valvulaire périaortique (A), ce qui laisse penser à un abcès ou à une déhiscence valvulaire. Cependant, le signal Doppler en provenance et à destination de la collection de liquide (B) reliée à la voie de sortie du ventricule gauche a également fait craindre un pseudo-anévrisme. La tomodensitométrie cardiaque (C) a confirmé que la structure était un pseudo-anévrisme impliquant la cuspide coronaire gauche (L) d’une prothèse valvulaire aortique homogreffe à trois feuillets, juste en dessous du décollage de l’artère coronaire principale gauche implantée. Une vue agrandie du pseudo-anévrisme est montrée (en médaillon), montrant le collet étroit. Une vue en axe court (D) de l’AoV homogreffée à trois feuillets montre les trois cuspides de l’AoV avec un pseudo-anévrisme prenant le contraste (contour rouge) relié à la cuspide coronaire gauche par un col étroit. Ao indique l’aorte ; LA, oreillette gauche ; LV, ventricule gauche ; N, cuspide non coronaire ; R, cuspide coronaire droite ; et RA, oreillette droite.

Cas 3 : Une femme de 85 ans souffrant de cardiomyopathie ischémique et d’infarctus du myocarde s’est présentée en choc cardiogénique (figure 3). L’angiographie a noté une artère coronaire droite chroniquement occluse. L’échocardiographie a identifié une fraction d’éjection du ventricule gauche de 25 % avec un pseudo-anévrisme inférieur basal. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) cardiaque a confirmé la présence d’un infarctus du myocarde transmural avec un pseudo-anévrisme de la paroi inférieure basale et inféro-latérale. Comment ce patient doit-il être pris en charge ?

Figure 3.

Figure 3. Pseudo-anévrisme du ventricule gauche (VG) chez une femme de 85 ans souffrant de cardiomyopathie ischémique. Echocardiographie transthoracique vue de 2 chambres (A) démontrant un pseudo-anévrisme basal inférieur et inféro-latéral du VG (flèche). Le signal Doppler (B) indique un flux du ventricule gauche vers le pseudo-anévrisme (flèche). L’imagerie par résonance magnétique (IRM) cardiaque à 2 chambres (C) et à axe court basal (D) a confirmé un infarctus du myocarde transmural basal inférieur et inféro-latéral avec un pseudo-anévrisme contenu par le péricarde et les adhérences. IRM cardiaque avec rehaussement tardif du gadolinium dans les vues à 2 chambres (E) et à axe court (F) démontrant la fibrose causée par l’infarctus du myocarde (blanc) par rapport au myocarde normal (foncé) et une fine couche de péricarde avec des adhérences (flèche) contenant le pseudo-anévrisme. LA indique l’oreillette gauche.

Contexte

Un pseudo-anévrisme est une rupture contenue d’un vaisseau sanguin ou de la paroi du myocarde. Généralement, les pseudo-anévrismes présentent un flux sanguin en va-et-vient dans une cavité contenue par le péricarde, un thrombus ou des adhérences. Cela contraste avec un véritable anévrisme qui se forme à la suite d’une faiblesse plutôt que d’une rupture de la paroi et qui se bombe généralement vers l’extérieur pendant la systole, est mince et possède une couche externe qui contient toutes les couches du myocarde ou de la paroi vasculaire. Un pseudo-anévrisme aura généralement un collet étroit, avec un rapport entre la brèche dans la paroi et le diamètre maximal du pseudo-anévrisme de <50%. En revanche, un vrai anévrisme a une base large1. Bien que distinguer les vrais des faux anévrismes s’avère souvent difficile, différencier ces 2 entités a une pertinence clinique car un patient avec un pseudo-anévrisme aura un plus grand risque de rupture et devrait donc être considéré pour une réparation immédiate.

L’histoire naturelle des pseudo-anévrismes ventriculaires gauches traités chirurgicalement et non traités n’est pas clairement définie et repose en grande partie sur des séries de cas rétrospectives monocentriques2-5 (tableau 1).

Tableau 1. Principaux articles décrivant le pseudo-anévrisme cardiaque

Population/Type d’étude n Age, y Type/lieu, % Cause du pseudo-anévrisme, % Symptômes, % Diagnostic Constatations notables
Clinique Mayo, Minnesota, Arizona, Floride5 (série de cas) 52 48 Ventricule gauche

Inférieur/postéro-latéral, 35

Sous-MV, 8 ; sous-aortique, 6

Chirurgie, 58MI, 42 Non, 48MI, 42CHF, 15 LHCTTEMRICCT Mortalité chirurgicale, 7% immédiate et 31% à long terme (médiane, 2.Mortalité par traitement médical, 60 % à long terme (médiane, 2.3 ans) mais aucune rupture de pseudo-anévrisme
Ventricule droit

RVOT, 25

Cleveland Clinic2 (série de cas) 30 68 Ventricule gauche

Posterior, 39

Latérale, 29

Inférieure, 21

Antérieur, 11

MI, 100 CHF, 73Angine, 41 LHCTTEEMRI Mortalité chirurgicale, 20% immédiate et 27%, 41%, et 55% à 1, 5, et 8 ansAprès chirurgie, 2 récidives de pseudo-anévrisme nécessitant une réintervention
Clinique Mayo, Minnesota4 (série de cas) 16 61 SVG

SVG-LAD, 38

SVG-RCA, 25

SVG-LCx, 19

50% à l’anastomose

CABG, 100 ; (16 des 28 603 patients ayant subi un CABG sur 30 ans) Angine, 69Non, 31 TTE ou LHCIncidental finding during other heart surgery (44%) Mortalité chirurgicale, 6% immédiate et 17% et 28% à 5 et 10 ans81% Had thrombus ; pseudo-anévrisme diagnostiqué 13 ans après le pontage coronarien initial
Examen systématique de la littérature3 290 60 Ventricule gauche

Postérieure, 43

Latérale, 28

Apicale, 24

Inférieure, 19

Antérieur, 18

MI, 55Chirurgie, 33Traumatisme, 7Infection, 5 CHF, 36Angine, 30CVA, 6Murmur, 70 LHCTTEEMRICCTRadionuclide Mortalité chirurgicale, 23% immédiateMortalité sous traitement médical, 48% à la médiane de <1 semaineRatio cou/corps >0.5 dans 18%

LHC indique cathétérisme cardiaque gauche ; MI, infarctus du myocarde ; MV, valve mitrale ; RVOT, voie de sortie ventriculaire droite ; CHF, insuffisance cardiaque congestive ; TTE, échocardiographie transthoracique ; IRM, imagerie par résonance magnétique ; TCC, tomodensitométrie cardiaque ; ETO, échocardiographie transœsophagienne ; SVG, greffe de veine saphène ; LAD, descendante antérieure gauche ; ACR, artère coronaire droite ; LCx, circonflexe gauche ; PAC, pontage aortocoronarien ; et AVC, accident vasculaire cérébral.

Le tableau 2 énumère la localisation et les conditions prédisposantes potentielles de divers pseudo-anévrismes cardiaques. Le pseudo-anévrisme cardiaque le plus fréquent est celui du myocarde ventriculaire gauche après un infarctus du myocarde. Les autres sites cardiaques comprennent la fibrose de l’intervalle mitral-aortique6, la voie de sortie du ventricule droit7, les artères coronaires natives et greffées4 et les oreillettes8. Bien que l’infarctus du myocarde soit la cause la plus fréquente des pseudo-anévrismes du ventricule gauche3, une chirurgie valvulaire aortique antérieure et une endocardite précèdent le plus souvent les pseudo-anévrismes de la fibrose intervalvulaire mitrale-aortique6. Les pseudo-anévrismes des artères coronaires natives ont tendance à se produire après la pose d’une endoprothèse ou après une dissection coronaire spontanée, tandis que les pseudo-anévrismes des greffons de pontage ont tendance à se produire aux sites des lignes de suture ou après la pose d’une endoprothèse9. Enfin, bien que rares, les complications rapportées des procédures d’ablation par radiofréquence ont inclus des pseudo-anévrismes auriculaires et ventriculaires.10,11

Les pseudo-anévrismes du cœur. Conditions

Tableau 2. Pseudo-anévrismes du cœur

Localisation Conditions prédisposantes communes
Ventricule gauche Infarctus du myocarde ; procédures d’ablation ; traumatisme
Ventricule droit Après une intervention chirurgicale pour réparer une cardiopathie congénitale
Fibroses intervalvulaires mitrales aortiques ; valves Précédent de chirurgie valvulaire ; endocardite ; abcès
Artères coronaires Précédent d’ICP ; dissection spontanée ; vasculite
Greffes de pontage Infection ; sites de suture ; ICP antérieure
Atria procédures d’ablation ; traumatisme

PCI indique une intervention coronarienne percutanée.

Diagnostic

Les patients atteints de pseudo-anévrisme cardiaque présentent souvent des symptômes de douleur thoracique ou d’insuffisance cardiaque. Si la rupture n’est pas entièrement contenue ou si un pseudo-anévrisme précédemment contenu se rompt, le patient peut présenter une tamponnade, un choc ou une mort subite. L’examen peut révéler une surcharge volumique indiquant une insuffisance cardiaque congestive, et un souffle est souvent présent. Cependant, dans la population à risque (qui a souvent des antécédents d’interventions cardiaques, de cardiopathie valvulaire ou d’infarctus du myocarde), ces signes et symptômes ne sont ni sensibles ni spécifiques du pseudo-anévrisme. Par conséquent, l’imagerie est généralement nécessaire pour diagnostiquer un pseudo-anévrisme ou pour identifier la présence d’une autre pathologie expliquant les signes et symptômes du patient. L’évaluation initiale par échocardiographie transthoracique peut être peu révélatrice, mais dans les cas suspects, l’angiographie, l’échocardiographie transœsophagienne, le scanner cardiaque et l’IRM cardiaque auront un rendement diagnostique plus élevé.

Dans la pratique clinique, distinguer les vrais des faux anévrismes du cœur s’avère souvent difficile car un vrai anévrisme peut se présenter avec un collet étroit et un faux anévrisme peut parfois avoir une base plutôt large. Ainsi, l’autopsie ou l’évaluation chirurgicale des couches tissulaires reste la référence pour le diagnostic. Bien que l’angiographie ait été historiquement recommandée comme la modalité d’imagerie de choix pour les pseudo-anévrismes cardiaques3, les progrès de l’imagerie non invasive au cours de la dernière décennie ont amélioré la capacité à identifier avec précision cette condition. L’échocardiographie est souvent le premier examen réalisé en raison de sa grande disponibilité et de son utilisation systématique lors de l’évaluation initiale des patients présentant des signes et des symptômes tels que des douleurs thoraciques, un souffle et une insuffisance cardiaque. Outre l’évaluation structurelle par échocardiographie bidimensionnelle et, plus récemment, par échocardiographie tridimensionnelle, il est possible d’évaluer la vascularisation d’un pseudo-anévrisme suspecté en détectant un flux Doppler aller-retour ou en utilisant un contraste échocardiographique. Bien que l’échocardiographie transthoracique ait une faible sensibilité pour détecter les pseudo-anévrismes, l’échocardiographie transœsophagienne peut permettre une meilleure détection des pseudo-anévrismes ventriculaires diagnostiqués par ventriculographie gauche.12 Contrairement à l’échocardiographie, l’IRM cardiaque et la CT cardiaque permettent de visualiser n’importe quel plan du cœur et peuvent donc visualiser des segments difficiles à voir en échocardiographie. La haute résolution spatiale et la superbe caractérisation des tissus de l’IRM cardiaque en font un outil idéal pour évaluer les pseudo-anévrismes des ventricules gauche ou droit et pour distinguer les pseudo-anévrismes des vrais anévrismes. Dans ces cas, l’utilisation du rehaussement tardif au gadolinium pour identifier l’emplacement et l’étendue transmurale des infarctus antérieurs est particulièrement utile. Néanmoins, tous les patients ne peuvent pas subir une IRM cardiaque en raison de contre-indications (par exemple, dispositifs cardiaques implantés, claustrophobie sévère) ou d’un manque de disponibilité. La tomodensitométrie cardiaque offre une haute résolution spatiale et permet une excellente visualisation du myocarde du ventricule gauche, des artères coronaires et des pontages. Bien que la tomodensitométrie cardiaque soit plus largement disponible que l’IRM cardiaque, elle implique des radiations et nécessite l’utilisation d’une exposition à un colorant intraveineux.

Après le diagnostic, aucune directive ne traite de la question de savoir s’il faut poursuivre l’imagerie de suivi. Pour certains patients pris en charge de manière non chirurgicale, une imagerie de suivi pour évaluer l’expansion peut être raisonnable si elle peut affecter la prise en charge. Cependant, le moment de cette imagerie en série doit être individualisé en fonction du caractère aigu ou chronique de l’anomalie, de la présence de signes et de symptômes associés à des complications potentielles et des objectifs généraux des soins.

Complications

Un pseudo-anévrisme non traité peut entraîner des complications telles qu’une rupture, une thrombo-embolie, une compression des structures voisines et une infection. Le pseudo-anévrisme ventriculaire peut également servir de foyer d’arythmie et entraîner une diminution du débit cardiaque. Historiquement, on considérait que le pseudo-anévrisme ventriculaire conférait un risque élevé de rupture, avec des estimations allant jusqu’à 30 % à 45 %.3 Cependant, en partie à cause de l’utilisation accrue de l’imagerie, il est probable que la détection de pseudo-anévrisme chronique « accidentel » chez des patients asymptomatiques augmente. En outre, l’amélioration de la reperfusion et du traitement médical post-infarctus du myocarde peut avoir diminué l’incidence de la rupture. À l’appui de la conclusion selon laquelle tous les pseudo-anévrismes ne présentent pas un risque élevé de rupture, dans une série de 52 patients atteints d’un pseudo-anévrisme ventriculaire et suivis pendant une période médiane de 4 ans, 42 patients ont subi une intervention chirurgicale, mais notamment 10 patients pris en charge sans intervention chirurgicale n’ont pas présenté de rupture.5 Bien que des données contrôlées randomisées fassent défaut, ces données suggèrent que tous les pseudo-anévrismes cardiaques – en particulier les petits ou les chroniques – ne nécessitent pas une intervention chirurgicale immédiate. En revanche, les pseudo-anévrismes aigus ou larges après un infarctus du myocarde sont plus susceptibles de nécessiter une réparation.2 Les thrombus dans la lumière des pseudo-anévrismes cardiaques peuvent s’emboliser.4,13 Enfin, les pseudo-anévrismes peuvent augmenter le risque d’arythmie, bien que l’on ne sache pas si le risque d’arythmie est lié à l’infarctus et si la réparation diminue ce risque.3

Traitements

Le principal objectif du traitement est de réduire le risque d’expansion ou de rupture. La localisation, le type et la taille du pseudo-anévrisme guideront les options de traitement, mais en fin de compte, les cliniciens doivent envisager une fermeture chirurgicale ou percutanée. Notamment, en raison de la rareté des pseudo-anévrismes, il n’existe aucun essai contrôlé randomisé pour guider la décision de traitement. Chez les patients présentant des pseudo-anévrismes ventriculaires, il est également prudent d’atteindre un bon contrôle de la pression artérielle en se basant sur la loi de Laplace : contrainte de paroi=(pression/2)×(rayon/épaisseur de paroi).

La réparation d’un pseudo-anévrisme ventriculaire gauche est traditionnellement effectuée par une réparation primaire ou une fermeture par patch2. Bien qu’une mortalité opératoire élevée ait été signalée, l’amélioration des techniques de chirurgie cardiaque a permis de réduire la mortalité périopératoire (par exemple, <10%).3,5 Néanmoins, l’équipe chirurgicale doit être préparée à un pontage cardio-pulmonaire d’urgence en cas de rupture soudaine.

La prise en charge des patients atteints de pseudo-anévrisme cardiaque est fréquemment compliquée par des comorbidités telles qu’une coronaropathie obstructive et une insuffisance cardiaque. Un pronostic défavorable a été décrit dans les pseudo-anévrismes causés par un infarctus du myocarde et chez les patients nécessitant une chirurgie plus complexe (par exemple, pseudo-anévrisme et remplacement valvulaire concomitants).2-5 En revanche, les patients présentant d’autres conditions prédisposantes comme cause de pseudo-anévrisme (par exemple, chirurgie valvulaire) sont plus jeunes, présentent moins de comorbidités et ont souvent un meilleur pronostic.

La réparation chirurgicale à ciel ouvert d’un anévrisme et d’un pseudo-anévrisme de greffe veineuse a été rapportée dans 1 série de cas de 16 patients comme ayant une mortalité associée de 6 %, reflétant probablement le fait que la plupart des patients ont dû subir une sternotomie de reprise, étaient plus âgés et avaient de multiples comorbidités4. Plus récemment, des stents couverts ont été utilisés pour occlure des anévrismes et des pseudo-anévrismes dans des artères coronaires14 et des greffes de veines15. De même, comme alternative récente à la fermeture chirurgicale ouverte des pseudo-anévrismes des cavités cardiaques, il existe des rapports de techniques interventionnelles percutanées réussies d’implantation de dispositifs d’occlusion septale dans les oreillettes et les ventricules.8,16

Dans certains cas, un traitement par anticoagulation peut être nécessaire pour réduire le risque de thromboembolie. Lorsqu’ils envisagent le recours à l’anticoagulation, les cliniciens doivent mettre en balance le bénéfice de la réduction des thromboembolies liée à l’anticoagulation thérapeutique et le risque de saignement ou de rupture de pseudo-anévrisme. Chez les patients qui ne peuvent pas tolérer le traitement anticoagulant, des médicaments antiplaquettaires tels que l’aspirine ou le clopidogrel peuvent être envisagés, bien qu’ils soient probablement moins efficaces pour prévenir les thromboembolies et qu’ils soient associés à un risque accru de saignement. Comme il n’existe pas de preuves suffisantes pour recommander ou non l’anticoagulation ou les traitements antiplaquettaires, ces décisions doivent être individualisées avec un jugement clinique.

Bien que les données comparatives sur les résultats manquent, les données disponibles suggèrent que les pseudo-anévrismes ventriculaires sont plus susceptibles de se rompre lorsqu’ils sont relativement aigus (<3 mois), de grande taille ou situés dans la paroi ventriculaire antérieure ou latérale5. De même, il faut envisager de réparer un pseudo-anévrisme du greffon saphène s’il est de grande taille (par exemple, > 1 cm) ou s’il est associé à des symptômes.4

Résolution du cas

Cas 1

Les options de traitement d’un pseudo-anévrisme du greffon saphène comprennent l’observation, la chirurgie et l’intervention coronarienne percutanée. Bien que le patient soit asymptomatique, l’imagerie a identifié un flux actif de sang artériel dans le sac pseudo-anévrismal (Figure 1A). Par la suite, la décision a été prise de procéder à une intervention coronarienne percutanée pour réduire le risque de rupture. Le pseudo-anévrisme a été traité avec un stent couvert de 4,0 mm sans complications. Le patient a continué à bien se porter lors du suivi à 5 mois.

Cas 2

Le pseudo-anévrisme de la valve aortique est rare, et le traitement optimal n’est pas bien défini. Dans le cas présenté, une fermeture percutanée n’était pas techniquement possible ; la chirurgie a donc été recommandée. Le patient a été traité avec 6 semaines d’antibiotiques par voie intraveineuse, suivi d’un placement mécanique de la valve aortique avec une réparation par patch de péricarde bovin du pseudo-anévrisme. La racine aortique explantée n’a pas montré de signes macroscopiques d’abcès. Il s’est rétabli et n’a pas eu d’autres complications lors du suivi à 18 mois.

Cas 3

Les options de gestion dans ce cas comprenaient la chirurgie contre l’observation. L’emplacement et la taille du pseudo-anévrisme excluaient l’option d’une fermeture percutanée. Comme la patiente était une candidate à la chirurgie à haut risque, elle a été traitée médicalement pour un infarctus du myocarde récent et une insuffisance cardiaque congestive. Lors du suivi à deux ans, sa fraction d’éjection ventriculaire gauche s’était améliorée à 35 %, sa capacité fonctionnelle s’était améliorée et elle n’avait aucune complication liée à son pseudo-anévrisme.

Conclusions

Les pseudo-anévrismes cardiaques sont des lésions rares mais cliniquement significatives. Bien qu’ils soient souvent difficiles à diagnostiquer, les progrès de l’imagerie non invasive ont amélioré notre capacité à distinguer les pseudo-anévrismes cardiaques d’autres pathologies. La plupart des pseudo-anévrismes, en particulier s’ils sont aigus ou associés à des symptômes, nécessitent une réparation chirurgicale ou une exclusion percutanée afin de réduire le risque de rupture et le potentiel thromboembolique. Chez les patients qui présentent un risque élevé d’intervention chirurgicale (ou percutanée), notamment lorsqu’un pseudo-anévrisme est de nature chronique, une prise en charge conservatrice peut être prudente.

Disclosions

Aucune.

Notes de bas de page

Correspondance à Ron Blankstein, MD,

Département de médecine (division cardiovasculaire) et de radiologie, Brigham and Women’s Hospital, 75 Francis St, Boston, MA 02115

. E-mail org

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