Nous vivons à l’époque d’un engouement absurde pour la santé. Faut-il manger moins de gluten ? Faut-il boire une tasse de café par jour ? Deux ? Aucune ? Devriez-vous prendre des frites avec ce hamburger, ou juste le hamburger sans pain mais avec une cuillerée d’huile de noix de coco qui fond sur le dessus ?
Ce sont toutes des questions intéressantes. Il est extrêmement difficile de répondre à certaines d’entre elles. D’autres, moins.
Aujourd’hui, je suis tombé sur l’une de ces dernières :
« Est-ce que manger de la terre est bon pour ma santé ? »
Au début, j’ai pensé que c’était une blague. La saleté est, eh bien… la saleté. Il n’y a pratiquement aucun contenu nutritionnel, elle a un goût de merde au sens propre – probablement parce que c’est souvent le cas – et elle est aussi sacrément sale*.
Mais aucune allégation de santé n’est si ridicule que certains idiots ne prétendront pas qu’elle est vraie.
Cette fois, ils ont tout simplement tort.
Géophagie
La pratique de manger de la terre remonte à des millénaires. C’est du moins ce que voudraient faire croire les partisans de la géophagie – terme scientifique désignant la consommation de terre. Il est certes vrai que certaines cultures pratiquent la géophagie depuis longtemps – notamment dans certaines régions d’Afrique subsaharienne où elle est considérée comme bonne pour les femmes enceintes – mais, d’une manière générale, la tendance actuelle à la consommation de terre semble être motivée par un mythe sanitaire commun : nos vies seraient devenues « trop propres ».
Il n’y a rien de tel que d’être trop propre quand il s’agit de parasites
L’argument de base est que nous sommes devenus trop obsédés par des choses comme le lavage des mains et les gants en caoutchouc, et que ce dont vous avez vraiment besoin est une bonne vieille dose de diarrhée. « Arrêtez de laver vos légumes ! », soutiennent les partisans, « Vous vous privez des « bonnes » bactéries et mettez plutôt des produits chimiques méchants sur vos aliments ».
Ce que vous devriez plutôt faire, c’est vous laisser ouvert aux infections. Cela renforcera votre système immunitaire et vous débarrassera de toutes les maladies.
Ce n’est peut-être pas aussi fou que cela puisse paraître. Pour quelques conditions limitées, il existe des preuves que l’exposition aide. Par exemple, il y a des preuves émergentes que le fait de bannir les arachides de l’alimentation des femmes enceintes pourrait avoir contribué aux augmentations de l’allergie aux arachides observées au cours des 20 dernières années.
Mais les affirmations sur le fait de manger de la terre ne sont… pas aussi bien prouvées.
C’est une absurdité totale. Je n’ai pas l’habitude de dire ça, parce que quelqu’un sortira une étude faite quelque part dans le monde et l’agitera comme un matador à moitié ivre qui n’a pas réalisé qu’il utilise un torchon au lieu d’une cape.
Dans ce cas, je suis assez confiant. Après avoir cherché de manière assez exhaustive, je n’ai pas trouvé une seule étude qui ait cherché à savoir si les gens qui mangent de la terre sont mieux lotis que ceux qui ne le font pas. Ce n’est pas surprenant, car a) il n’y a aucune raison de croire que la saleté est bonne pour vous et b) il y a beaucoup de raisons de croire que cela pourrait nuire.
Je sais. Choc. La saleté n’est pas la meilleure chose à manger. Qui l’aurait cru**?
La terre n’est pas bonne pour vous
Ce qui nous amène joliment aux problèmes du régime terre. Parce que malgré les affirmations contraires, c’est en fait généralement assez bon pour s’empêcher de contracter des infections. Attraper des infections est une mauvaise chose. Être malade ne rend généralement pas votre corps meilleur à quoi que ce soit, cela vous rend juste malade.
L’idée entière est juste une idiotie ignorante. On ne se rend pas plus sain en s’exposant à plus de choses qui pourraient nous tuer. C’est comme essayer de rendre vos jambes plus fortes en sautant d’un immeuble. Même si vous survivez à la chute, votre santé ne s’améliorera pas du tout. L’exposition à une infection potentiellement mortelle n’est pas une expérience amusante et insouciante dont vous pouvez vous débarrasser et continuer votre journée. C’est une dégringolade terrifiante vers le sol froid et insensible.
Manger de la terre comporte un très grand nombre de risques. Il existe d’innombrables agents pathogènes qui vivent dans le sol, y compris des choses désagréables comme les vers parasites, les champignons pathogènes et les bactéries. La terre de votre jardin moyen est également souvent contaminée par des choses méchantes comme le plomb, ce qui n’est pas un problème à moins que vous ne mangiez cette fichue substance.
Mythes médicaux
C’est une histoire qui va au-delà de la géophagie. C’est une cible facile. Il ne faut pas grand-chose pour réfuter l’idée que manger de la vraie terre du sol est bon pour la santé. Tout parent qui a dû arracher une touffe de terre frétillante de la bouche de son enfant de 2 ans peut vous dire que ce n’est pas ce qu’il y a de plus sain.
Il s’agit de peur.
Nous sommes devenus terrifiés à l’idée que nous devenons trop propres. Que ce soit parce que nous avons lu l’une des tirades de David « Les champignons viennent littéralement de l’espace » Wolfe sur les produits chimiques méchants, ou parce que quelqu’un sur Facebook a posté sur la façon dont le nettoyage des mains provoque la maladie d’Alzheimer, cela revient à la même croyance :
« Vous êtes malade parce que vous ne l’êtes pas assez. Soyez plus malade et vous cesserez de l’être »
La contradiction évidente n’a pas d’importance ici. C’est de la peur, pas de la logique. La modernité est terrifiante, et le passé est plein de souvenirs roses. Peu importe que nos grands-parents aient été frappés par la polio, ou que l’espérance de vie moyenne à l’époque où nous ne lavions pas les aliments se situait dans les 30 ans. La médecine moderne fait peur.
Mais vous savez ce qui est plus effrayant qu’un médecin portant une blouse blanche ?
La variole.
La typhoïde.
Le choléra.
Toutes choses dont les personnes assez chanceuses pour vivre dans des pays riches n’ont plus à s’inquiéter grâce à des améliorations simples et basiques de la santé publique.
Des choses comme ne pas manger de terre.
*Je ne m’excuserai pas pour ce jeu de mots que vous ne pouvez pas me faire.
**Tout le monde. Tout le monde savait.